Bonjour,
Super obs, je suis très interréssé par une description plus précise de la station.
J'ai trouvé la bestiole il y a quelques années dans le marais de Suscinio, en bordure de sicrpaie, puis au marais du Pont Lisse à Séné dans des conditions similaires.
J'ai préparé un article qui faisait le point sur l'espèce en Bretagne pour Pen Ar Bed. Je ne sais pas si il sortira un jour (...).
Je vous joins donc grosso modo le contenu de cet article pour cette espèce. Cela vous permettra d'en savoir un peu plus.
"Argyroneta aquatica (Clerck, 1757), marais de Suscinio (commune de Sarzeau, 56), juin 2008.
Généralités
Description, comportement :
L’argyronète est la seule espèce d’araignée strictement aquatique en France. Bien qu’elle ne possède pas de système respiratoire adapté pour le monde aquatique, elle passe l’essentiel de son temps sous l’eau dans une « cloche d’air » qu’elle élabore à partir de soie issue de ses filières. Elle possède une pilosité particulière et développée qui lui permet de « capturer » de l’air en surface et de renouveler l’oxygène de sa « cloche ».
Espèce de taille moyenne à grande (8 à 15 mm), elle se nourrit d’invertébrés aquatiques.
Habitat :
Elle fréquente divers milieux lentiques qui comportent une végétation aquatique abondante (mare, étangs, tourbières). Elle semble particulièrement sensible à la qualité de l’eau et la dégradation des zones humides parait à l’origine de la raréfaction de l’espèce.
Répartition :
L’espèce est paléarctique, mentionnée de l’Europe de l’ouest jusqu’au Japon. Elle est considérée par Simon (1937), comme présente dans presque toute la France sauf en région méditerranéenne. En revanche, les données françaises récentes sont localisées et peu nombreuses.
D’après le catalogue provisoire des espèces des araignées et scorpions de l'Ouest de la France (Canard & al., 1990), dans le massif armoricain, l’espèce est connue de diverses stations normandes (Manche, Calvados), ainsi qu’en Sarthe et en Loire-Atlantique. Dans cet ouvrage, elle y est mentionnée d’une seule station bretonne dans les Côtes-d’Armor sur le secteur de Glomel-Clevessen (D. Carcreff obs.). En revanche, elle est signalée plus récemment par Fouillet dans le Finistère sur le site du Curnic en Guissény (1998) et dans le Morbihan, à l’intérieur des terres, sur le site des landes de Kermadou (2000). Enfin, elle est mentionnée par Braud (2007) dans le Maine-et-Loire, avec une observation dans les années 90 qui n’a pas pu être confirmée.
La découverte de la population du marais de Suscinio en 2008 constitue la première mention récente de l’espèce sur le littoral Morbihannais. Depuis, elle a également été retrouvée dans le marais du Pont-Lisse (2011).
Site et conditions d’observation de l’espèce
Description des sites d’observation :
Le marais de Suscinio est situé au sud de la commune de Sarzeau, en bordure littorale, et s’étend sur une centaine d’hectares. Il constitue un vaste complexe de milieux hétérogènes : habitats dunaires, lagunes côtières, végétation de près salés du haut-schorre, roselières, jonçaie, scirpaie, prairies humides et méso-hygrophile, saulaies, aulnaies.
La population découverte semble se cantonner à la partie est du marais de Suscinio, en bordure sud de la grande scirpaie qui longe les contreforts dunaire de la plage. C’est un secteur largement inondé en hiver et fortement envahi par la végétation. A l’inverse, pendant la période estivale, la zone est largement asséchée et seules restent quelques flaques d’eau au centre du marais.
L’ensemble du marais est classé en Espace Naturel Sensible départemental et fait l’objet d’une gestion écologique.
Le marais du Pont-Lisse se trouve sur la commune de Séné, à proximité du bourg. C’est un petit marais résiduel d’environ 4 ha, séparé en deux bassins très distincts, l’un présentant un profil lagunaire, très ouvert ; l’autre beaucoup plus dense, composé de scirpes et de joncs maritimes partiellement colonisé par le baccharis.
Conditions d’observation de l’espèce :
L’argyronète a été découverte le 10 mai 2008 alors que nous recherchions des larves d’odonates. Sans l’utilisation d’un filet troubleau et d’une simple passoire, elle n’aurait probablement pas été détectée. Des prospections réalisées tout au long de l’année 2009, ainsi qu’en 2010, montrent que l’espèce est largement répandue dans cette partie du marais et en activité toute l’année, même au cœur de l’hiver (cf. photos). Les araignées sont trouvées dans une pellicule d’eau peu importante, entre 2 et 20 cm, essentiellement dans les touffes denses de Agrostide stolonifère (Agrostis stolonifera). A l’inverse, les secteurs occupés uniquement par le scirpe maritime, probablement plus saumâtres, ne semblent pas favorables.
La plupart des individus capturés au troubleau sont de taille petite à moyenne, rares sont les individus de grande taille. Au sein des zones favorables, les araignées sont regroupées en grand nombre, mais de manière très localisée : un seul coup de troubleau peut suffire pour capturer une dizaine d’individus et deux mètres plus loin, dix coups de troubleau ne permettent pas d’en capturer une seule.
A la fin du printemps 2011, le début de saison ayant été extrêmement sec, plus aucun individus n’était visibles sur le site habituel. En revanche, une petite population a été retrouvée dans une « mare » au nord-ouest de la roselière.
L’observation du Pont-Lisse concerne un spécimen unique, le 6 avril 2011, au milieu de la scirpaie du deuxième bassin. L’individus, un mâle adulte, a été trouvé à la passoire dans un tas de végétation morte, entassée, et partiellement immergée (ragondins ?). Une recherche plus approfondie autour de ce site, le même jour, n’a pas permis de trouver d’autres individus."
Pour infos, concernant la SCAP, 6 espèces d'araignées ont été retenues pour la Région Bretagne, avec une priorité « 1 - » :
- Arctosa fulvolineata (Lucas, 1846), Lycosidae, espèce du schorre
- Argyroneta aquatica (Clerck, 1758)
- Enoplognatha mordax (Thorell, 1875), Theridiidae, espèce de milieux sablonneux (dunes) et du schorre.
- Pardosa bifasciata (C. L. Koch, 1834), Lycosidae, terrains sablonneux ou pierreux
- Pirata uliginosus (Thorell, 1856), Lycosidae, biotopes humides
- Trochosa spinipalpis (F.O. P.-Cambridge,1895), Lycosidae, biotopes humides
Bien à vous,
Lionel
Mar 24 Avr 2012 - 18:08
La Dolomedes possède deux bandes blanches de chaque côté du corps ce qui n'est pas le cas ici. Elle est aussi une espèce peu connue du grand public.
Cette espèce fait quand même partie des 5 espèces d'araignées (sur 400 environ ?) dites déterminantes dans le cadre de l'élaboration des SCAP.
